Photographie couleur format carré d'une oeuvre installée sur un mur blanc. On peut y lire « ennui brûlant » en typographie gothique autour d'une photographie du pare-choc d'une auto ayant l'air brûlé.
Fanny Latreille, photographie © Simon Bilodeau

Fanny Latreille @ Artexte

Automne 2024

« Malgré une distance qui nous amène, souvent, à nous distinguer, ou du moins à nous comparer, il existe une certaine proximité entre l’expérience millénariale et celle de la jeunesse révolutionnaire des années 1970. Depuis 2016, mes recherches portent sur la résurgence de motifs contreculturels chez les millénariaux au Québec. Elles visent à observer les similitudes entre ces deux générations, qui se manifestent dans leurs différences et leur mise en opposition.

En ce moment, mon attention se fixe sur l’artiste comme travailleur·euse, une notion aujourd’hui dissociée du terme « travailleur·euse·s culturel·le·s », bien qu’initialement liée aux créateur·trice·s. À mon avis, une certaine avant-garde des années 1970 a desservi l’image de l’artiste en se revendiquant de la classe laborieuse tout en se plaçant symboliquement au-dessus d’elle. Je réfère notamment aux artistes conceptuel·le·s et minimalistes américain·e·s, ou encore aux mouvements féministes, tels que Wages for Housework qui ont inspiré quelques tentatives syndicales dans les années 1960-1970. Force est de constater l’échec de leur stratégie. 

En résidence à Artexte, j’explorerai des documents de la collection concernant les conditions de travail des artistes et les mouvements associatifs de l’art contemporain pour alimenter l’écriture d’un essai vidéo. Il me semble nécessaire de renverser l’image de l’artiste afin de le·la reconnaître socialement comme un·e travailleur·euse parmi tant d’autres. Dans ce contexte, j’étudierai également des options économiques alternatives à l’organisation du travail, comme le revenu universel et le salaire à vie (B. Friot), qui sont autant de figures du communisme renouvelées pour le XXIe siècle ».

— Fanny Latreille

 

 

Fanny Latreille est née et réside sur le territoire non cédé connu sous le nom de Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal. Sa pratique interdisciplinaire gravite autour d’une approche documentaire de l’exposition. En déclinant sous plusieurs formes un sujet, elle matérialise une agrégation mentale par laquelle elle tente de définir le sens culturel de l’image. En général, c’est le rapport culture-histoire-politique qui motive son processus de recherche-création. Ainsi, elle a un intérêt marqué pour les manifestations culturelles et sociales qui nous mènent par-delà du temps.

Depuis 2020, elle détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Ses œuvres ont été présentées lors d’expositions individuelles et collectives ainsi que dans des programmations vidéo, au Canada et en France, notamment au Centre européen d’action artistique contemporaine (Strasbourg, France), à la Galerie de l’UQAM (Montréal, Québec), au Centre des arts actuels Skol (Montréal, Québec) ou à Forest City Gallery (London, Ontario). Son travail a été récompensé par les bourses d’excellence Omer De Serres (2012), Robert Wolfe (2013), François-Xavier Marange (2019) et a été soutenu par le Conseil des arts et des lettres du Québec.