Automne 2025
Quand avez-vous fait une erreur de langage pour la dernière fois ? Comment l’avez-vous corrigée — ou ne l’avez-vous pas fait ? Selon le contexte, il existe des protocoles d’impression datant de plusieurs siècles afin d’y remédier. Le préfixe « err » provient du mot latine errare, qui signifie errer ou s’égarer. Pourtant, dans l’usage moderne, ce terme a pris une connotation plus liée à la faute : s’écarter du chemin, de l’idée ou de l’action juste.
Dans l’histoire de l’imprimerie, le terme « errata » a adopté cette association à l’erreur pour signaler une faute dans un texte publié. Traditionnellement, une bande de papier insérée dans un livre, ou un espace dédié dans une publication périodique, servait à corriger ladite erreur. Bien que « errata » soit souvent utilisé comme terme générique pour désigner les contenus à corriger (dates, fautes typographiques, termes), il existe des dénominations plus spécifiques : « corrigenda » désigne des corrections qui modifient une position, une opinion ou une affirmation ; « addenda » fait référence à des informations ajoutées pour clarifier ou compléter un contenu. Les maisons d’édition, les mentions légales (mastheads) et les éditeurs numériques utilisent encore ces conventions, dont les schémas et le langage sont fascinants.
Je fouille les collections d’Artexte à la recherche d’exemples d’errata — ou de cas qui auraient nécessité leur présence. Je cherche à repérer des tonalités (humour, honte, défensive), des mises en page, et des erreurs poétiques, afin de remettre en question la persistance — ou l’existence même — d’un « chemin » ou d’une action correcte. Mes découvertes nourriront des œuvres réalisées en typographie artisanale, en livres d’artiste et en projections, qui proposent des pédagogies possibles autour des errata : des méthodes à tirer de leurs défis, de leurs reconnaissances ou de leurs réparations. Le paysage actuel, façonné par l’IA, tend à lisser les langages vernaculaires et les fautes manuelles. Les accusations de contre-vérités idéologiques menacent les corrigenda qui s’appuient sur des récits errants, des identités marginales ou des pratiques radicales. Peut-être pourrions-nous apprendre des usages subversifs de ces conventions éditoriales.
Errata
Paragraphe 1, ligne 2 : au lieu de « corrigée », lire « reconnue »
Paragraphe 1, ligne 3 : au lieu de « latine », lire « latin »
Paragraphe 1, ligne 5 : au lieu de « juste », lire « normative » ou « hégémonique»
Paragraphe 2, ligne 4 : après « et », insérer « (surtout) »
maya rae oppenheimer, phd (elle), travaille avec, à travers, depuis et autour du papier : en fabriquant, en écrivant dessus, en lisant dessus, et réfléchissant généralement avec lui. Il y a quelque chose de magique dans la matière du papier — de la fibre végétale à la pâte, puis à la feuille — une magie intime et liée au processus dit-elle. Fabriquer son propre papier est un acte d’autonomisation : il devient un support pour la correspondance, l’admiration, la réflexion, le tracé, l’impression, la projection, l’emballage ou encore le revêtement d’objets. C’est aussi une forme d’art en soi. En revisitant sa pratique en studio et en art de performance jusqu’à présent, maya rae oppenheimer voit un fil conducteur : le papier, et en particulier le livre, avec toutes ses caractéristiques, ses structures et sa présence dans la main. Elle est fondatrice et co-directrice de OK Stamp Press, un projet d’édition artistique basé sur l’entraide, et enseigne également au département des arts plastiques de l’Université Concordia. Site web d’artiste en perpétuelle construction.