Hooria Rahimi, Landscape of Unity: Building a Mountain Together (2022- ). Cheveux, ciseaux, néon rouge. Photo par : Artexte, 2023

Paysage d’unité : bâtir ensemble une montagne

Une œuvre d'Hooria Rahimi

14 mars - 7 avril 2023 @ salle de lecture d'Artexte

Parallèlement à l’exposition collective Vers la liberté présentée à Projet Casa [24 février – 26 mars 2023] commissariée par Mojeanne Behzadi [conservatrice, recherche et programmation à Artexte], la salle de lecture d’Artexte se fait hôte de l’installation Paysage d’unité : bâtir ensemble une montagne (2022- ) par l’artiste Hooria Rahimi.

 

Paysage d’unité : bâtir ensemble une montagne

J’ai un rêve,

Je rêve de bâtir une montagne

J’ai un rêve,

Je rêve pour nous tous,

Je rêve pour nous tous de bâtir une montagne,

Tous ensemble

 

Une paire de ciseaux et un néon circulaire rouge suspendu juste au-dessus…

Alors qu’une communauté de spectateurs se rassemble, les individus sont invités à s’avancer et à suivre les instructions de l’un de mes poèmes qui dit « Je rêve de bâtir une montagne ». Ils sont appelés à couper une mèche de leurs cheveux et à la placer sous la lumière, puis à offrir la paire de ciseaux à la foule.

À travers ce processus, un mouvement d’engagement et de divulgation émerge, comme un cycle de va-et-vient, qui orbite autour de la montagne de cheveux en pleine croissance. Chaque participant joue un rôle dans l’évolution de cette pièce vivante et symbolise un acte plus large de construction communautaire par le détachement d’une partie organique et intime de soi au profit des autres.

La nature interactive de l’installation encourage les spectateurs à contempler leur positionnalité, créant ainsi un cycle de réciprocité et représentant le pouvoir de la présence. Au fur et à mesure que les participants s’engagent envers l’installation, ils assument une certaine responsabilité et font partie de quelque chose de plus grand. Alors que la montagne de cheveux pousse sous la lueur chaude du néon, elle crée un paysage… un paysage d’unité, symbolisant l’espoir et la bienveillance.

Ce projet en cours a parcouru divers endroits et communautés, continuant de croître lors de chaque performance. En réalité, il témoigne de la victoire et de la liberté du peuple iranien contre la tyrannie.

Au nom de la femme, de la vie, de la liberté

— Hooria Rahimi

 

En quoi le concept de la coupe des cheveux symbolise-t-il un geste de deuil :

La coupe des cheveux en tant que geste symbolique constitue une pratique profondément enracinée dans les cérémonies de deuil des peuples iraniens. De telles pratiques sont relatées dans des ouvrages comme le Shâhnâmeh (également connu sous le nom de Livre des Rois). Vieux de 1000 ans, le Shâhnâmeh regroupe 40 000 versets, couplets et quatrains écrits en persan par le célèbre poète Ferdowsi. Cette épopée est couramment citée comme l’une des œuvres les plus influentes de l’histoire de la littérature et compte de nombreux poèmes évoquant la coupe des cheveux comme un acte de deuil profond.

De part et d’autre de l’Iran, plusieurs ethnies telles que les Kurdes, les Laks et les Lurs, ainsi que les nombreuses tribus y étant affiliées, dont les Bakhtiaris, pratiquent encore cette forme de deuil. Cependant, le meurtre de Jina (Mahsa) Amini a incité le peuple iranien à utiliser cette pratique en guise de forme quotidienne de résistance contre le gouvernement iranien. Cet acte symbolique et chargé d’émotions s’est transformé en une manifestation de solidarité de la part de la communauté internationale vouée aux femmes iraniennes.

— Hooria Rahimi, février 2023

 

À propos de l’artiste :

Hooria Rahimi transforme la réalité en une harmonie lumineuse. Inspirées des sciences naturelles et des paysages, ses installations manipulent la lumière et la réflexion dans l’espace au moyen de la lumière rouge, de l’électronique et de matières réfléchissantes et naturelles, telles que le miroir, l’eau et les plantes. Ses sculptures lumineuses au néon rouge se mêlent à leur environnement, créant une expérience lente, sensorielle et immersive et mettant en surbrillance l’interdépendance de l’art, de la technologie, du corps humain et de la nature. La passion de Hooria Rahimi pour l’activisme social et environnemental se reflète dans son travail. Par l’intermédiaire de sa pratique, elle engendre un dialogue vulnérable entre l’humain et la nature, en plus de devenir la voix de ceux qui ne sont pas entendus.

Établie à Tiohtià:ke/Montréal, Hooria Rahimi est une artiste iranienne interdisciplinaire dont la pratique gravite notamment autour de la lumière. En s’appuyant sur sa matérialité, elle utilise cette dernière en tant que pont entre l’intangible et l’espace physique. Elle a obtenu son B.B.A. en sculpture de l’Université d’art de Téhéran et poursuit actuellement une maîtrise en beaux-arts, en intermédias, à l’Université Concordia.

 

À propos de l’exposition Vers la liberté à Projet Casa :

L’exposition Vers la liberté répond au mouvement féministe actuel en Iran qui est mondialement connu sous le nom de Femme Vie Liberté, un slogan repris du mouvement de libération kurde. Des œuvres d’artistes visuel·les contemporain·es — notamment de la France et de la diaspora iranienne et kurde — qui traitent du féminicide, de la violence étatique et du pouvoir rassembleur de la résilience à travers les luttes sont présentées.